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idéal, mais d’un potinier ! Ces gens vivent en écoutant aux portes… : Les concierges du Paradis. Ils nous donneraient de bonnes mœurs inavouables. Et il fallut à Maleine toute l’éloquence du monde pour persuader à l’américaine sur le pas de la porte, en face des porteurs qui — malles à terre — semblaient écouter la discussion avec un paternel intérêt, de chercher un villino où elle serait chez elle. Ils partirent enfin, suivis des faquins en caravane, ils partirent pour l’inconnu, plus hardis que Christophe Colomb. Ils se trouvèrent, après quelques douzaines de pas, sur la Piazza où ils firent leur apparition comme dans un petit théâtre, lorgnés par tous ces gens qui faisaient de grands gestes et n’avaient pas l’air pressé, pareils aux figurants d’une opérette.

La Piazza ! Le soleil de trois heures tapait en plein dessus, éclaboussant de clarté l’escalier de pierre dont les marches couvertes par les pots de fleurs d’un marchand ambulant, menaient à la Cathédrale grandiloquente et récemment recrépie. À droite, en prolongement de la rue, une terrasse bordée de colonnes blanches dominait la mer, avec un écriteau indiquant l’entrée du funiculaire. Une vieille tour de ville portant comme un monocle son horloge de faïence bleue, érigeait un écusson bourbonien et des fenêtres borgnes annonçant d’impro-