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d’asthme. Minosoff regardait Muriel avec l’air d’un monsieur qui a gagné la coupe. Rouge, embarrassée, elle se levait et n’avait plus que la présence d’esprit de lui demander :

Dear, avez-vous une pin… à me donner pour mon voile ?

Le retour chez Mother s’effectuait sur ces paroles mémorables. Elle était grande tempête, la rentrée, au baromètre familial. On dressait un réquisitoire impitoyable rappelant les déjà nombreuses fois qu’au bal, au théâtre, dans le monde, au Majestic, à l’Ionic ou à l’Excentric Palace Hotel de pareilles scènes faisaient rougir la digne Mrs Lawthorn. Muriel répondait. Le dialogue s’aigrissait. Elles deux finissaient par convenir en bonnes américaines pratiques qu’elles étaient qu’il valait mieux se séparer pour un time : All right ! only, ajoutait Mrs Lawthorn, vous allez de votre plaisant côté ; soyez prudente. Si quelque chose arrive avant que vous soyez engagée à quelqu’homme, je ne vous voir plus de mon vie. Here, 200 dollars a month ; adieu chère petite chose.

Le lendemain, Muriel réfléchissait brièvement. Où pourrait-elle débuter dans son voyage autour du monde ? Rangeant ses tiroirs, elle retrouvait la lettre de Gérard, son invitation à venir en Italie.