Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/88

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

yeux si extraordinairement ahuris que la jolie fille eut envie de lui faire mutinement un pied de nez. Jolie ! Plus jolie que jamais… À peine une expression un peu découragée au coin des lèvres, dans la ligne des yeux. Et seule… ?

— Voyons, expliquez-moi. Je n’y comprends rien à cette surprise…

Alors de la voix la plus naturelle du monde, émue par endroits, mais sachant se reprendre, Muriel raconta qu’après le départ de Gérard, il y a deux mois, elle avait rencontré dans le monde le Prince Minosoff qui, paraît-il, était très « out of flirt ». Ici Gérard eut un tressaillement tôt réprimé. Ce Minosoff qui appartenait à un tout à fait bon famille de Russie, indeed, continuait Muriel, se montrait on ne peut plus gentleman pour elle ; même peut-être un peu trop. Si bien que Mrs Lawthorn s’en était aperçu.

— Et pour qu’elle s’en aperçoive ! pensait tout haut Maleine…

N’importe, par une malechance du diable elle arrivait à être pour une fois au courant des choses, et montrait les dents tout de bon. Well, my boy ! avouait la jeune fille sans embarras, un jour, je rencontrai le Prince au Polo, à Bagatelle — vous savez ? Mother prenait son tasse de thé avec l’américain