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le golfe sous une traînée de pétales en nacre lumineuse. Le marin sans cesser sa chanson prit au fond de la barque des copeaux de chêne, des éclats de pin à peine équarris, les alluma à l’avant dans une sorte de conque en fer. La flamme fusa parmi la fumée noire bientôt dissipée. Une traînée sanglante dansait dans son reflet. Alors, l’homme disposa ses lignes, préparant ses appâts, dévidant les fils emmêlés.

À leur gauche, bien loin, séparées d’eux par toute l’étendue de la baie, Torre del Greco, Torre Annunziata, Naples, luisaient, depuis les flancs du Vésuve jusqu’au Pausilippe, pareilles à un lézard de pierreries. Et parfois, apercevant dans la barque le marinaio qui happait ses poulpes avec un hameçon bizarre aux courbes phéniciennes, il semblait à Gérard revivre en arrière, aux temps de l’Iliade, la vie simple des vieux âges…