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rage éblouissant de l’eau. Il quitta le belvédère où il se trouvait, descendit les gradins usés menant au sentier aperçu tout à l’heure. Il dégringolait maintenant amusé plus qu’un enfant, libre et sain, s’accrochait aux myrtes et aux genêts pour ne pas suivre les petits cailloux qui, sous ses pieds, roulaient comme des billes.

Lorsqu’il atteignit la grève, les mouettes aux ailes couleur d’edelweiss tournoyaient lentement au-dessus des écueils en perçant le crépuscule de leurs cris stridents et tristes. Une barque passait. L’homme, debout, poussait ses rames croisées et psalmodiait des mots que Gérard ne comprenait point, mais qui, de loin, ressemblaient à la prière des muezzins. Gérard héla l’homme. La barque s’approcha, et prit le jeune sculpteur. Dans un patois de gestes, il expliqua qu’il voulait faire le tour du Mont Tibère et revenir à la Marina Grande sans que pour cela le marin renonce à sa pêche. Les rames recommencèrent leur continu mouvement de ciseaux.

Quand la nuit fût tout à fait venue, après avoir longé les escarpements du Mont Tibère quasi funèbre, le Capo surgit en face de la côte prochaine et de la Punta Campanella. Une lune rose apparaissait derrière les montagnes de Salerne, faisant scintiller