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des villas blanches s’élevaient, toutes enfouies parmi les citronniers, les oliviers, les cyprès et les fleurs. À un tournant, des eucalyptus effilés dressaient dans l’azur doré de cette fin de journée leurs feuilles aiguës et cintrées comme des ailes d’hirondelles. Il se trouvait maintenant sur la via Tragara, l’ancienne voie d’Auguste, encore diadémée par endroits de voûtes en briques roses de l’époque romaine. Sur sa gauche, la Villa Andreæ étageait ses jardins de bambous et de palmes. La Certosella, bâtie par du Locle, l’ancien directeur de l’Opéra-Comique de Paris, venu finir ses jours en face d’une éternelle première, dressait son décor improbable et polychrome au milieu du feuillage cendré des oliviers voisins et des mimosas d’or. Sur la gauche, d’autres jardins dégringolaient vers la mer, contre laquelle, de-ci, de-là, se détachait un fruit d’agave pareil à quelque géante graminée, un fruit d’agave sec et noirci. Presque en face de Gérard, les terrasses blanches de la villa Discopoli luisaient doucement dans la dernière ardeur du soleil. Un caroubier les ombrait violemment par son feuillage massif.

Et il venait de toutes les âmes en fleur des jardins d’alentour un parfum si tendre mêlé au sel de la mer, que le jeune homme le respirait comme un