Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Miess chez la petite avec des billets déchirants, éplorés, où les plus tendres noms d’amour se mêlaient à des épithètes profanes pour l’adjudant de semaine.

À la septième consigne (Miess était déjà parti depuis une heure chargé de son apostolat) Maleine eut l’heur de rencontrer son tyran dans la cour de la caserne au moment où chargé d’une énorme serviette bourrée de papiers, le sous-off entrait au mess. L’adjudant pressé butait du pied et d’un coup la serviette lancée craquait du ventre, répandait au gré du sort tous ses précieux documents. Surmontant sa rancune Gérard ne fait ni une ni deux : il court, il ramasse, il rattrape, et il tend à l’adjudant ahuri, rageur et pourtant reconnaissant, les liasses heureusement intactes :

— C’est bon. Faites-moi le plaisir de romper. Vous aviez de la consigne ? C’est bon, fichez-moi le camp !

Gérard au pied léger n’attendit pas la suite. Il grimpa dans la chambrée, bouscula un ancien qui grattait sa gamelle sans enthousiasme, et qui s’arrêta pour mieux l’invectiver, ôta son bourgeron et en cinq sec fut au poste. Deux minutes après il arrivait rue Fabre où logeait l’amie… Quelle bonne surprise ! Il tournait doucement la clef dans