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Blanche, estimant qu’en amour les souvenirs « ne valent pas une fausse couche ». Il n’y avait pourtant guère réussi à Mézières où chaque chose, chaque petit détail, un coin de rue, un aspect de clocher, une réclame sur un mur, le tramway passant pour aller vers les remparts, rappelaient à Gérard la petite fille riant au milieu des pétales…

À Sedan, au contraire, Miess obtint de Maleine qu’il sortît le soir avec lui et qu’il l’accompagnât dans les beuglants pour faire diversion. D’autres événements avaient d’ailleurs contribué à la guérison morale du jeune sculpteur.

Sa mère, en apparence convalescente, quittait l’hospice de Noisy pour entrer chez le Docteur Blanchard en maison de santé, et ce Blanchard sachant combien Gérard Maleine aimait malgré tout sa mère, écrivait au soldat une lettre très rassurante et pleine de bons vœux pour plus tard. Par là-dessus, son père dont l’engagement à Londres tirait à sa fin, annonçait un retour prochain à Paris disant qu’on avait de grands projets dont beaucoup dépendaient de la direction de l’Opéra-Comique et du Lyrique Populaire. Il ajoutait vouloir s’attacher Gérard au cas où la nomination qu’il briguait lui serait accordée. Fi de la sculpture ! On lancerait Gérard dans les coulisses. Et cela ne déplaisait pas