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Gérard, par dix degrés en dessous de zéro, le nez rouge et les mains bleues regretta sincèrement de n’avoir aucun casier judiciaire qui l’eût enrégimenté du côté de la Riviera Algérienne. Heureusement, à la formation du peloton des dispensés un transfert nouveau s’opéra.

Cette fois, Mézières était désigné. Quinze jours après, les connaissances faites et les permissions octroyées, la situation devenait tenable. Une chambre assez gaie qu’il rendait presque avenante avec des riens bien choisis l’abrita pour ses heures de liberté. Gérard Maleine avait apporté ses outils, quelques livres de musique. Il passa l’hiver, abruti et tranquille, fortifié du reste, et n’allant à Paris qu’en de rares occasions.

Comme le printemps approchait et qu’il avait été un jour acheter quelques bouquets pour éclairer sa chambre, le hasard le conduisit chez une espèce de jardinier horticulteur établi près du chemin de fer ; cet homme, après avoir satisfait à sa commande lui montra ses serres dont il se targuait. C’est surtout dans les pays maussades de l’Est, dans ces climats bilieux, chargés l’hiver de jaunes brouillards, que l’on apprécie l’enchantement des fleurs : Gérard demeurait là, émerveillé.

Le père Millet travaillait pour Paris, cultivant les