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impossible à combler. L’amour idéalisé ne sera jamais compris par la majorité des amoureuses qui ne sont que très matérielles ou très artificielles. Ah ! pauvre ami, si vous aviez voulu… Vis-à-vis des femmes ? Vous auriez fait comme moi. Je leur exprime mon mépris et mon indifférence par la plus raffinée des politesses. C’est depuis que je les ai balayées de ma vie que ma vie est charmante.

— Ne parlons plus de ces choses, interrompit Gérard. Vous me faites entrevoir des horizons qui me font peur et que j’ignore. Et puis, il est trop tard pour ces abîmes ou pour ces faîtes. Ah ! Hultmann, vous-même, vous n’avez pas su me consoler. Adieu… Pourtant, je comprends votre amour…

Ils se séparèrent. Au moment où Hultmann partait, on remit à Gérard son courrier qu’il feuilletait distraitement quand il reconnut l’écriture d’une lettre. Tiens ! C’était de Nelly. Pauvre Nelly ! Un instant, il demeura ainsi, l’enveloppe entre les doigts, n’osant ouvrir, savourant le charme mélancolique de deviner la lettre. Probablement qu’elle lui parlerait de Marthe, la petite dernière, qui devait être joliment grandie à présent, du père toujours futile et noceur, de la pauvre maman qui s’éteignait dans son délire, déçue et abandonnée. Ah ! Gérard avait bien pu se payer son : aimez la