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œil fin, tout en lissant ses favoris, que si on l’avait écouté, personne n’aurait connu de tels « aventuriers ».

Le sculpteur, lui ne paraissait point comprendre. Triste et poli, « molto gentile » comme disaient de lui les femmes des pêcheurs, il passait sans répondre à ces coups de pattes, nés d’anciens coups de chapeau. Noël approchait. Maintenant que Gérard ne travaillait qu’à de rares intervalles et que les promenades dans l’Île ne le tentaient plus, une de ses grandes distractions entre d’interminables lectures était de se rendre au débarcadère du bateau qui vient de Naples et de Sorrente.

Vers onze heures et demie, par un soleil primaverile il marchait jusqu’à la petite jetée où accostent les barques claires chargées de caravanes. Et là, mêlé aux faquins de service, aux gosses qui poursuivent les crabes sous les varechs bleus et roses, aux mariniers dont les tartanes ont des yeux à la proue, il regardait pendant la demi-heure de l’atterrissage les figures nouvelles, étonnées et ravies qui presqu’uniformément en face du paysage grandiose, s’extasiaient. C’était l’habituelle armée de Cooks traînant waterproofs et valises, jumelles et billets circulaires : Grosses Allemandes aux cheveux tirés, fagotées comme des banquettes de fiacre,