Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/196

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment apparaissait devant les deux jeunes hommes. Les marbres ressuscités ne semblaient plus attendre un miracle pour former leur triomphe. La statue équestre de Marcus Antonius Balbus dominait cette foule, où des Vénus, des Pallas, des Diane, des belluaires et des orateurs entouraient le merveilleux Adonis d’un concert d’attitudes.

Quand le sculpteur rejoignit le poète, Hultmann, devant le Gladiateur Farnèse, monologuait déjà dans son admiration :

— Voyez cet adolescent, commençait-il, et sa voix vibrait d’une étrange émotion ; voyez comme il est indiciblement beau. Il m’évoque une des créatures les plus parfaites, les plus harmonieuses et les plus fortes de cette ère latine qui nous créa. Tout en lui se destine à l’élan. Son courage n’a pas d’effort. Il se confie à sa jeunesse et à ses muscles. Tout à l’heure encore, sur le stade ou dans le cirque, on lui jetait avec des cris de victoire le rameau obscur du laurier.

Il avait alors les prunelles remplies d’ivresse et ses regards d’une franchise dominatrice ne défiaient qu’un improbable vainqueur. Il n’a probablement connu que les rudes instincts mâles de la vie. Il en ignore les voluptueux vertiges. Ses bras n’ont étreint qu’un adversaire. Sa main, dont la peau