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XXIV

Pour E. B.

À partir de ce moment, où qu’il aille, quoiqu’il fasse, Gérard vécut, accompagné d’un fantôme. Parfois, dans les longues courses qu’il continuait à travers l’Île, lorsqu’après avoir marché pendant des heures comme insensible et muet, il s’asseyait sur des rochers d’où il découvrait au loin le petit village et la mer, un tressaillement involontaire le secouait. Quelque chose de doux et d’impérieux avait frôlé son épaule. C’était comme une main de jeune femme venant s’appuyer sur l’ami. Et l’ombre ironique et blonde de la morte vivante s’arrêtait à côté de lui.

Alors, pour chasser la cruelle vision, il repartait, se prenant à divaguer haut, tel qu’un homme ivre.

Oh ! l’envoûtement de ce souvenir dans cette île !