Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tinua-t-elle ; on peut encore empêcher le scandale, les arrêter tous deux… elle doit être folle ! pour sûr, il l’a entraînée… Je le connais, Serge, avec ses manières enjôleuses, sa voix persuasive… Elle s’arrêta. Gérard venait de se laisser tomber sur une chaise proche, et les coudes sur la table de travail, la tête enfouie dans les mains, il pleurait, secoué par de gros sanglots qui le remuaient tout entier comme des rafales.

Et pareil aux enfants, il se lamentait… oh !… il se lamentait. Nannina au bruit était venue. Sa petite tête espiègle et ahurie aux yeux de cabri sauvage devinait maintenant un malheur. Elle ne riait plus. Elle aimait bien Gérard qui jamais ne l’avait brutalisée. Elle était sûre qu’il avait un grand chagrin, à cause de la Signora. Alors doucement, elle alla cueillir dans le jardin tout bourdonnant de guêpes et de moucherons dorés quelques roses, les premières de septembre. À pas de loup elle en garnit le cadre où il y avait la photographie de Gérard. Puis elle enleva de la chambre commune toutes les choses ayant appartenu à Muriel. Et elle les serra dans l’armoire de l’autre petite pièce blanche.

Cependant, Nelly, tout près de Gérard, retrouvait en cette minute suprême la tendresse frater-