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gnées encore de l’humidité et de la douceur des limbes au fond d’une cage, démocratique par sa saleté, moderne par sa laideur ou par ses prétentions, vous imposant un uniforme cérébral et physique, et qui, enfin, ne produit pour l’avenir, que des rachitiques, des fonctionnaires ou des ratés.

Gérard y connut la misère enfumée de la banlieue parisienne, les horizons plats et gris de Vanves, d’Issy, lardés par ces hautes cheminées d’usine, étagés de bâtisses lourdes, d’hôpitaux, de séminaires et d’asiles.

On le faisait venir à la maison chaque quinzaine aux jours de grande sortie.

Une patache, dont le plancher en hiver était couvert de paille, amenait le samedi soir le maigriot au teint terne, aux yeux cernés par la mauvaise nourriture et le manque de sommeil.

Les deux haridelles blanches qui traînaient l’omnibus du lycée s’arrêtaient place de la Concorde. Jean, le domestique de grand’mère Pauline, attendait là, fidèle, avec sa bonne figure rasée de pipelet de guignol. Et pourtant, chaque fois, une peur étreignait l’enfant que personne ne soit là. Oh ! si Jean avait manqué, l’idée de revenir à Lakanal, de refaire en oublié ce chemin si court à l’aller, si terrible au retour !…