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mûres : Tenez ma femme aussi le remarquait. Et l’Anglais d’un regard navré indiquait l’excellente Lady Bergson sans défense contre les raseurs, en proie à la Mac Lower qui lui parlait littérature, et à la Gräfin Schultzenheim qui lui ingérait de la poésie. Malgré son aménité (on la citait dans l’Île pour savoir écouter tout le monde), Lady Bergson s’était aperçue du duo Maleine-Mariskine. Et comme elle était naturellement bonne, aimable et peureuse, elle eut une si drôle d’expression en fixant Maleine que Gérard, gentil, lui souriait.

Et l’on passait dans la salle à manger.

La conversation, d’abord en bribes, s’étayait, devenait plus animée, presque générale. Seulement, comme il n’y avait pas trois personnes de la même nationalité les ja, les si, les yes, et les oui alternaient, comme à Babel. Cela n’avait d’ailleurs aucune importance, les vipères mordant par gestes.

Gérard, que les potins lassaient, et qu’on avait, en qualité de jeune marié, placé avec Muriel aux bouts de table, se laissait, complaisant, initier par-dessus la blette Signora Millelire aux mystères de la nouvelle F. I. A. T. de course. C’était Himmel qui conférenciait. Et Maleine, que ça n’excitait qu’à demi, en profitait pour calculer combien sa voisine avait dû entasser de couches de poudre sur des