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Le cœur battant, elle resta ainsi, debout, aux écoutes. Rassurée, elle se dirigea, souple et légère apparition nocturne, vers une pergola dont les vignes chargées de grappes mûrissantes formaient dans leur enchevêtrement fou d’énormes coquillages de verdure. Au loin, sur le golfe, Naples, Torre del Greco, Castellammare luisaient comme des chenilles de feu.

Muriel sortit ainsi des jardins du tennis. Elle prit sur sa gauche une allée montante qui serpentait à travers les bosquets de la villa Krupp. Elle traversa le petit pont gardé par les deux lions en marbre et se mit à grimper à travers la montagne du Castiglione, jusqu’à ce qu’elle soit arrivée à la Via Castello. C’était là, qu’à deux pas de son ancienne demeure, le prince et Nelly avaient loué une maison. Muriel se pencha alors sur le mur du chemin contre de massives colonnes qui surmontaient les rochers. Elle fit un signe silencieux.

Une ombre, un saut, un cri sourd, une étreinte…

— Prends garde, défaillait-elle. Oh, my own ! my own ! Gérard vient à peine de partir… Je dois rentrer… my own, nous nous verrons plus tard.

— Quand ? insistait l’homme. Et plus bas : j’ai tout préparé.