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et suivait trop de régimes pour admettre l’enfant autour de sa chaise longue. D’ailleurs, elle n’aurait voulu que des filles. Et à Gérard elle préférait ses sœurs cadettes, Nelly et Marthe, à cause de leur joli visage.

Lui, n’avait qu’une petite figure brune, fouinarde, aux yeux chinois, un peu moqueurs. Son nez, déjà nommé, lui donnait l’air d’avoir du toupet. Une grande bonne bouche confiante et les oreilles vraiment trop détachées le faisaient, selon les critiques, ressembler à une potiche, à un passe-boule, à un aïeul lointain, ou à Footit.

Cependant, sa joie, vers les huit ans, était de se mettre sur le tapis à plat ventre pour lire de belles histoires. Mais, quand on l’interrogeait sur ce qu’il avait lu, il ne savait pas quoi répondre, tellement il craignait de mal répondre. Alors, il riait avec des envies de pleurer. Et l’on disait à ses parents : Ne désespérez pas encore, c’est sa nature qui veut ça… Aussi ne le gâtait-on point. Dans les disputes avec ses sœurs, il avait toujours tort, même quand c’est lui qui avait été battu. Car les gosselines, avec leur sourire, savent se donner raison. Et jamais de la part du père ni de la mère un baiser qui réveille, un joujou qui amuse, un geste qui dorlote.

Il n’y avait pour cela que grand’maman Pauline,