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tout donnait l’impression d’un lendemain de cataclysme. Pourtant Muriel grimpait, s’agrippant tant bien que mal, entrait par la brèche et appelant les autres, leur montrait l’abandon le plus voluptueux qu’on puisse rêver pour des pierres.

Le dallage disparu avait laissé place à des caveaux débraillés. On marchait sur une mosaïque de tumulus et d’ossements. Par intervalles de grands trous noirs et secs montraient, pareils à des bouches ouvertes au râtelier ricanant, montraient des ossements pêle-mêle. Au fond du chœur qu’un restant d’arceaux avait préservé des pluies, l’autel se dressait encore, avec des dorures éteintes, des marbres disjoints, des anges de stuc aux ailes verdies d’humidité. Par les fentes, des digitales et des liserons fleurissaient. À la venue soudaine des visiteurs, deux poules effarées, caquetant d’un air stupide, se plantèrent, lourdes et le col éructé, sur le tabernacle dont la porte aux cuivres vert-de-grisés bâillait tordue. Avec cela, partout des ronces, des herbes sans noms, qui, sous la patiente fécondité des âges s’étaient croisées, enlacées, brouillées et confondues. Et le ragazzo affirmait que c’était une « chiesa molto bella » sous le règne de Charles III.

Nelly qui avait disparu, laissant le prince aider Muriel, revenait et assurait son monde qu’une autre