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Prince qui, gêné, s’obstinait à tirer sur un Clay éteint.

— Prenez donc une chaire…

— On dit : une chaise, Muriel, rectifiait Gérard très grognon.

— Oh ! pardon.

Et pan ! tout le peloton s’asseyait. Les femmes commençaient à bavarder, à se faire des confidences. À propos, avaient-ils fini le déjeuner ? Oui. Ils en étaient au café lorsque Muriel et Gérard entraient. De suite Nelly tiquait sur eux. Oh ! quelle drôle de chose la vie ! Seuls, peut-être, dans cette salle longue, pleine de dorures à pâtisserie, de miroirs à facettes et de buffets monumentaux sur lesquels s’étageaient des tours Eiffel de compotiers, Minosoff et Gérard demeuraient muets sans qu’on pût rompre la glace qui les séparait.

Gérard regardait machinalement son couvert dans l’attente d’un vermicelli alle vongole qui n’arrivait pas, et lisait attentif la devise écrite sur les manches des cuillères : « Rubato all’ Ristorante Scolio di Frisio. » (Ceci a été volé au restaurant Scolio di Frisio.) Touchante anticipation ! Le Prince qui s’était décidé à demander des cigares et à qui l’on était allé chercher de « vrais Havanes », humait avec une répugnance visible une boîte apportée par le