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a pris pour elle le culte, la beauté et la poésie des autres Dieux ? Ils auront beau faire et les siècles auront beau passer : Tiens, Muriel, regarde. Les voici qui montent au Capo, comme autrefois, pour la veillée en l’honneur de Vénus… l’Italie entière demeure la grande Grèce… elle tressaille encore sous le pas des Césars !

C’était vrai. Une très vieille coutume de Capri fait aller le soir de l’Assomption les groupes à marier de « vaglioni » et de « femmine » sur le mont Tibère. On a bâti une chapelle très modeste sur les ruines de la villa de Jupiter, une chapelle que balaient tous les vents, avec à l’intérieur, quelques ex-votos de marins, des orgues enrouées et quelques débris anciens de marbres. À côté, gardé par un ermite qui prend le soin de rentrer chaque soir au village et qui ne vient ni aux jours de mauvais temps ni lorsqu’il y a pénurie d’étrangers, une Madone d’or s’érige, qu’a donnée le Comte de Caserte, fils du dernier Roi des Deux-Siciles.

Aux alentours de cette Madone et de cette chapelle, il n’y a rien que des pierres muettes et les cris de l’histoire. Ce tombeau des gloires impériales n’a pas d’inscription — il est dans toutes les mémoires. Seul, préservé étrangement par le ravage des années, un chemin pavé de mosaïques s’ouvre