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apothéose l’Olympe de Praxitèle. La Réforme, au nom de l’Évangile, volait, brûlait, saccageait tout cela. Et jusqu’au seuil de notre jeune siècle, on portait en Afrique et en Asie, au Sahara ou en Chine, la bonne parole à coups de canon !

Dès lors, ces cathédrales, un instant admirées, transformaient aux yeux du jeune sculpteur leur signification première.

Ce n’étaient plus des actes de foi taillés, ciselés, idéalisés dans la pierre, mais des actes de feu et de sang, d’enchaînements et d’esclavages, de luttes sans merci et d’obstructions. Partout, les hommes noirs avaient dû crever les yeux de l’artiste une fois son chef-d’œuvre achevé.

Et ces vitraux qui interceptent le ciel, ces vitraux qui, dans la nuit voulue pour le culte des superstitions douloureuses, éclairent faiblement et luisent, il les voyait, lui, ternis et pourpres, comme des prunelles lapidées, comme la lèvre des blessures, teints du sang des martyrs, des Bruno, des La Barre et des Dolet !

Non, il ne pouvait plus aimer ces cathédrales pavées d’ossements. Lui, le païen mystique, il ne pouvait plus aimer ce qui régna par les mensonges et par les souffrances ; ces parvis fréquentés aujourd’hui par un peuple de snobs qui en fait chaque