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papier doré les pays latins, qui étouffait dans l’Europe saxonne et scandinave toute émotion d’art par un protestantisme hypocrite et chicaneur, cette chrétienté avec sa fausse morale, sa pudeur de contrebande et son esthétisme en toc, elle lui faisait pitié ! Un instant, Gérard s’était laissé séduire par la pénombre provinciale et douce de saint Séverin, par les rosaces magnétiques et ciselées de Notre-Dame, par les dentelles ogivales de saint Étienne du Mont. Il avait erré, seul, autour de la flèche aiguë de la Sainte Chapelle. Lisant et admirant l’adorable Huysmans, il s’agenouilla spirituellement devant les pierres dorées des vieilles cathédrales.

Mais voilà qu’un jour un ami revenait de la Grande Grèce trinacrienne, de Taormine, de Paestum, de Caprée, de Rome enfin !

Il lui rapportait des vues, des parfums, des légendes ; parlait de Taormine aux cirques d’or, de Paestum élevant ses colonnades au milieu des marais comme les pistils d’un fabuleux lotus rose, de Rome, méprisante et ruinée, de Capri, l’île aux vertiges… Puis Gérard Maleine faisait avec cet ami une promenade à la Bibliothèque Nationale, glanant chez les classiques, ressuscitant durant des après-midi merveilleuses, l’ironique Anacréon, le cinglant Suétone ou Properce le Juvénile…