Page:Adelswärd-Fersen - Messes noires ; Lord Lyllian, 1905.djvu/81

Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

VIII

La représentation de Drury Lane venait de finir. Ellen Sherry avait remporté un succès d’estime avec The Gay Parisienne, adaptation assez médiocre d’une pièce française plusieurs fois centenaire. Les portes de sortie regorgeaient d’une foule compacte ; les femmes, frileusement enveloppées de fourrures, ou de manteaux clairs, cherchaient leur valet de pied et montaient en voiture ; les hommes partaient avec un cigare aux lèvres, prendre l’air vers Piccadilly.

De petits gamins, les cheveux jaunes, le nez sale, noyés dans de vieilles vestes trop grandes pour eux, criaient les journaux du soir. Des cabbies rasaient le trottoir boueux et claquaient du fouet en offrant leur voiture. Les derniers omnibus bondés de gens emmitouflés passaient dans le brouillard. Des réclames lumineuses luisaient sur les toits. Et entre deux policemen une ivrognesse titubait, superbement couverte d’un chapeau à