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MESSES NOIRES

semblable. Du moins le premier jour. Ils visitèrent, par un temps gris, le Parthénon, les ruines du temple de la Victoire, les ruines du Stade. Les pierres augustes, dorées par le soleil, semblaient se ternir sur cet horizon de brumes. Et pourtant de si puissantes renommées avaient vécu entre ces étroites enceintes de marbre, qu’une impression de stupeur et d’envoûtement saisit l’écrivain et le jeune homme. Le lendemain et les jours suivants ils se séparèrent, goûtant ce charme infini qu’on a dans les voyages à découvrir pour soi, égoïstement, des trésors. Ils ne se voyaient plus qu’aux heures obligées où dans le grand hall vitré de l’hôtel ils prenaient leurs repas à une table commune. Un soir, Harold Skilde revint très agité, en faisant des gestes enthousiasmés :

— Une surprise pour vous, my Lord, si vous daignez vous y prêter…

— Dites, mon cher.

— D’abord lady Cragson, divorcée complètement. Elle viendra demain vous voir.

— Ah bah !

— Elle est au Pirée, sur son yacht, avec un tas d’amis, notamment Jean d’Alsace que je vous présenterai. Ensuite…

— Deux surprises alors ?

— Oui, chérissime. Je disais… Ah, oui !… Ensuite pour recevoir et pour fêter lady Cragson de façon heureuse, j’ai improvisé une heure de musique, de poésie et de danse au clair de lune. Vous serez l’Adonis rêvé des mythologies païennes. On aura pour vous distraire des bacchantes jolies à souhait. J’ai trouvé des gamins qui seront vos esclaves, et nous composerons ainsi un triomphe où les mythes les plus étranges, les plus beaux