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MESSES NOIRES

blanches, il la retrouvait en image et en évocation, ainsi qu’une caresse évanouie.

Sa chambre en avait pris inconsciemment un air d’innocence et de gaîté légère, comme si elle s’était illuminée du sourire de la Vierge !

Ce fut ainsi que Renold rentra chez lui. Le concierge, sur le seuil de la loge, lui fit un grand salut cérémonieux.

— Il n’est venu personne ? interrogeait Lyllian en recevant ses lettres.

— Excusez-moi, my Lord. Il est venu deux messieurs… trois messieurs… dont deux très bien, qui ont remis leur carte avec leurs félicitations pour my Lord. Ah ! continuait le larbin avec une grimace protectrice, cela nous fait tant de plaisir à madame la concierge et à moi, le bonheur de my Lord ! My Lord autrefois faisait un peu la fête !… Depuis un mois et surtout depuis ses fiançailles, my Lord devient un jeune homme rangé…

— Ce qui est passé est passé, répondait Lyllian avec une grâce charmante. Soyez indulgent, concierge, oubliez ma bamboche et vos veilles forcées. Surtout, défendez ma porte aux gens qui venaient avant. Je les ai prévenus…

— Justement, my Lord, il en est arrivé un, un jeune, le troisième, dont je vous parlais. Une drôle de tête, et pâle… mais pâle !… Je crois que c’est un des… collégiens qui venaient si souvent chez my Lord. Il insistait beaucoup pour être reçu. Alors je lui ai dit que my Lord et moi c’était tout comme, que my Lord était sur le point de se marier, et que ça lui donnait des occupations. Comme il continuait, je l’ai menacé de lui fiche mon balai quelque part.