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MESSES NOIRES

saient, et leurs élitres vibraient dans la chaude lumière. Un ruisseau à passer ; une barrière à franchir : ils se trouvaient en face du porche.

La nef leur apparut, calme, fraîche dans la pénombre où seules luisaient les dorures de l’autel.

Avant d’entrer, Renold, se retournant, aperçut les frondaisons vertes du parc, le pavillon, là-bas, dans une brume bleue.

Comme ils étaient loins !… Une vraie école buissonnière ! Et voilà qu’il hésitait presque… Ils allaient être si seuls dans cette église…

Alors, il la regarda. Elle était debout, la tête presque appuyée contre un crucifix, à l’entrée du sanctuaire, et semblait une divinité juvénile et tendre, un sourire du Christ. Sans un mot, elle lui tendit l’eau bénite. Il fit un grand signe de croix en pauvre petit protestant mystique qu’il était…

Puis, très émus l’un et l’autre, tandis que résonnait encore dans le silence le bruit des grillons du champ voisin, ils s’approchèrent du chœur. Modeste et paysanne était l’humble chapelle, mais si accueillante et si jolie !

Ils s’arrêtèrent aux pieds de la Vierge. Elle y déposa les roses qu’elle venait de cueillir… doucement, doucement…

Après cela, se tournant vers Renold dont l’âme entière palpitait, elle l’enveloppa de son candide regard.

Grisé, parlant comme dans un rêve, agenouillé maintenant, Lyllian murmurait :

— Croyez en moi !… Je vous aime !…

Elle le releva d’un geste, d’un seul geste, mais qu’il était simple, accueillant et pur ! Toute petite, toute mignonne, blottie sur la poitrine de Renold, elle fris-