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XVIII

— Le satanisme ? continuait Chignon… mais il existe, mon cher Lord, c’est le culte du moi. Et, de grâce, même en pensant à Maurice Barrès, veuillez ne pas en rire. Je ne parle pas des documentations pédantes de Huysmans, bonnes tout au plus pour de vieilles dames spirites ou des curés défroqués. Je n’évoque point le vice à tant la ligne de ce cher d’Alsace qui finit par écrire des mémoires de commissaire de police. J’en tiens pour ma définition que chacun peut vérifier par un simple examen de conscience. Satan, c’est l’homme en face de Dieu. Satan c’est notre nature, Satan c’est notre volupté, Satan c’est notre instinct. C’est pour ça que Satan n’est pas si méchant, à tout prendre ! La preuve en est, mon cher Lord, qu’il suffit de faire — à la lettre — ce qu’il nous plaît, pour devenir le plus grand criminel du monde, au dire de l’Évangile.

» D’où vient que l’idéal, que le sens de la vertu soit aussi manifestement contraire à nos aspirations vi-