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XVI

«… Le soir tombait en face, sur les hautes montagnes, et des fenêtres on découvrait le lac inondé de vapeurs roses. Toute l’Écosse romantique et divinisée palpitait dans ce coin perdu. C’était avec Ivanhoe et Marie Stuart l’incantation des princesses tristes enfermées dans les tours, des bergers nomades sonnant du cor, le parfum des bruyères et des eaux tranquilles… »

Le front contre la vitre, lord Renold Lyllian regardait cela avec mélancolie ainsi qu’un tombeau des souvenirs, comme un souvenir des tombeaux. Il était rentré depuis trois jours d’Italie, laissant derrière lui un passé de tristesse et de deuil. Il avait encore devant les yeux le regard tragique de Beppina, son signe de croix, la porte ouverte, le trou béant qu’elle montrait. Il se rappelait la minute précise où les mots irréparables l’avaient brisé : C’est fini… Entrez…

Oh, l’atroce chose, la terreur foudroyante de ce cadavre qu’il venait d’embrasser… Le courage surhumain