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LORD LYLLIAN

des vers que j’aurais aimés traduits en français et vous répondîtes : Ils sont divins. Vous m’avez favorisé entre temps de pensées assez profondes pour être assez obscures et je me suis incliné devant l’admiration que vous leur portiez… Vous m’étiez, dès le premier jour, désagréable à cause de cette nature que votre bourse a rendue plate. Je vous l’ai fait sentir comme aujourd’hui encore. Vous vous êtes néanmoins attaché à moi, dans quel espoir, je ne sais, dans quel but, je l’ignore. Vous m’étiez et vous m’êtes antipathique et cependant vous m’amusez. Votre insistance a de l’esprit. Votre fatuité n’est pas bête, votre souplesse elle-même est une maison de tolérance… on la tolère !

Pol Chignon, un peu confus, se levait dignement.

— Monsieur, commença-t-il…

Lord Lyllian l’arrêta d’une moue charmante.

— Allons, pardonnez-moi, murmura-t-il, nous sommes du même âge, c’était pour rire… Au fait, venez-vous, dîner ? Je vous invite encore ce soir !