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MESSES NOIRES

Cela fut mieux écrit que vous ne le direz jamais. Ah, dilettante du mal : Beau titre en effet pour cacher ses désirs, ses instincts, ses luxures, toutes les petites vermines courantes. Ayez donc, ô penseur, le courage de les montrer. N’ayez pas des pudeurs ridicules de sacristain vertueux. Soyez crapule à ma manière. Je me vêts d’infamie comme d’un manteau de soleil !

— Vous seul le portez bien…

— Des grâces… Il y a en effet de l’élégance à mal faire ou simplement à danser au rebours des valses ordinaires. Je remonte le courant. Les idées présentes ne me plaisent pas, soit ; je vais leur donner un changement… Seulement, je m’y suis laissé prendre. Cette chiquenaude-là m’a tapé sur les doigts. Bref — (Regardez le soleil sur Catane au loin toute rose) j’en suis réduit à faire votre connaissance en Sicile par la recommandation d’un ancien ami de fêtes qui m’écrit en parlant rosse : Ce sera le meilleur procureur du monde.

— Vous êtes trop aimable, lord Renold Lyllian. À parler vrai, ma seule qualité est de ne pas me montrer susceptible. Vous vous refusiez d’être — tout à l’heure — un dilettante du vice : dites d’impertinence. J’estime néanmoins que ma politesse demeure une marque de bêtise et de bonne éducation.

— J’allais prévenir ce manque d’amour-propre. Je vous ai connu voici huit jours, Monsieur, et depuis la première fois que je vous ai vu, vous avez gardé le même sourire officiel, le même respect protecteur, les mêmes offres de service. J’ai dîné avec vous, tous les soirs ; vous m’avez montré mystérieusement votre peinture, et comme je n’y comprenais que peu vous m’avez assuré que c’étaient des chefs-d’œuvre. Vous m’avez lu