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MESSES NOIRES

Pâle comme un mort, sans comprendre, M. d’Herserange regardait Lyllian, très pâle aussi.

— Filez, et tout de suite, scanda Renold en lui indiquant la porte…

Un silence se fit, effrayant. Subitement l’amour du Diplomate pour le petit Lord se changeait en haine, en haine intense. Un sentiment inconnu jusqu’alors, la jalousie, se réveillait en lui, en face de cette charmante proie offerte au vainqueur, et qui se cachait toujours, palpitante, au fond du lit.

— Vous ne voulez pas m’obéir ?

— Mais vous êtes fou ?

— Assez pour vous mettre à la porte ! Et, saisissant d’un geste les habits épars de M. d’Herserange, Renold ouvrit la porte et les lança dans le vieux corridor sombre par où ils étaient venus.

— Allez les rejoindre.

Puis, comme d’Herserange, les poings fermés, pleurant de colère et de honte le menaçait, il le saisit avec une force peu commune, le plia sous lui et, devant la chanteuse épouvantée, administra au consul une fessée magistrale. D’Herserange, serré par les deux genoux nerveux de Lyllian, emprisonné comme dans un étau, faisait de vains efforts, râlait sa rage.

— Adieu, mon doux seigneur, bien des choses chez vous ! et d’un coup de pied il l’envoya dehors.

 

— Comme il était vilain pour toi, ma chérie, murmura Lyllian revenu près du lit, mais comme tu m’avais oublié !… et, découvrant le corps de la fillette, souriante et amoureuse, d’une caresse agile, il lui tiédit les seins.