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XI

Le lendemain matin il s’éveilla de fort méchante humeur, trouvant qu’il avait trop d’adorateurs à Venise. La pureté du ciel qui illuminait sa chambre, la fraîcheur de ce jeune soleil de mars qui, déjà, annonçait le printemps, lui rendirent son habituelle gaieté. Les histoires de la veille, un instant oubliées en regardant la baie bordée à l’horizon par la ligne bleue du Lido, lui revinrent à l’esprit lorsque, debout devant la haute glace qui brillait entre les fenêtres, il y refléta complaisamment sa nudité blonde où, de plus en plus, la virilité s’accusait.

— Zut ! Je deviens un homme… pensa-t-il, et, comme il adorait dire zut et un tas de jolis vilains mots d’argot, il sourit à se voir.

On frappait à la porte. D’un bond il fut dans son lit, et, sur sa permission, un valet de chambre lui remit une lettre. C’était de M. d’Herserange. Encore ! qu’est-ce qu’il voulait donc ce diable de Diplomate ? D’un regard, il lut : « J’ai trouvé l’adresse de la petite chanteuse qui