Page:Adelswärd-Fersen - Le baiser de Narcisse, 1912.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE XII



Il était tard lorsqu’ils arrivèrent près des chantiers, et les chouettes aimées de Minerve hululaient déjà dans l’obscurité. Les esclaves se retiraient du travail et, après le repas du soir, commençaient à dormir, soit dans les caves des carrières voisines, soit à la belle étoile, sur les bruyères odorantes, car la saison était douce.

Le bruit des marteaux avait cessé, les scies ne grinçaient plus en rongeant les flancs du marbre et, seuls, les béliers aux têtes de bronze, les leviers aux poulies d’airain dressaient sur le ciel obscur leur échafaudage brutal. Scopas, du reste, ne venait que par habitude et par patient amour, curieux à chaque minute de voir surgir ne fût-ce qu’une pierre neuve. Quant à Milès, c’était sa première visite, mais nul n’aurait pu deviner quelque impression au fond des beaux yeux calmes.

Descendant de la litière, l’architecte donna l’ordre aux porteurs