Page:Adelswärd-Fersen - Le baiser de Narcisse, 1912.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE XI



Athènes ruisselait de clarté dans sa robe de pierre ; c’est par un jour pareil que les dieux étaient nés…

Debout sur les marches de l’Acropole, Scopas, à la face rubiconde, riait avec Milès, devenu son affranchi : et ce rire était un rire d’amour. Autour d’eux la vie heureuse bruissait. Les vendeurs de figues et de caroubes, à moitié nus, accroupis sur les dalles, dans des coins d’ombre bleue, criaient leurs étalages à voix aiguë. Des changeurs discutaient derrière leurs tonneaux, chiffrés de caractères latins ou perses. Juché en haut d’une borne, quelque avocat sans cause recrutait des clients, tandis que deux rhéteurs raillaient les contorsions d’un Égyptien grêle, danseur d’Isis. Plusieurs chuchotaient au passage de l’architecte, célèbre autant pour sa maîtrise que pour ses mœurs aimables et scandaleuses. Sur tout cela, un soleil d’été cinglait, droit, par grandes flèches d’or. L’air embaumait de l’odeur des myrtes et des