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CHAPITRE IV



Le temple était là, portique blanc, qui s’ouvrait sur la mer. Ses colonnes massives, aux chapiteaux doriques incurvés comme des cornes, alternaient leur marbre vert et leur marbre noir, ceignant le sanctuaire d’une large terrasse d’où l’on découvrait l’horizon. Sur cette terrasse, entre les colonnes, de hauts trépieds de cuivre jaillissaient, sveltes ; ils supportaient les vases d’offrande où sans cesse brûlent des parfums mystiques, les vases sur lesquels on lit en relief le nom du dieu entre les têtes de bélier. Un escalier immense, large de vingt palmes, montait vers le portique ; les marches étaient couvertes jour et nuit de tapis épais, comme on en fait au Liban, de tapis en pourpre pâle, afin que les adorateurs de la jeunesse et de la vie ne sentent pas sous leurs pieds la dureté des pierres. Au dernier palier, tout en mosaïque, deux grands velums tissés d’or tombaient en larges plis de l’architrave ; sur l’étoffe à la fois somptueuse et légère