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CHAPITRE III



Par un matin sans lumière, gris comme l’éternité, Milès partit avec Séir pour le temple d’Adonis-aux-mains-d’ivoire, érigé aux portes d’Attalée, devant la mer. Ils joignirent une caravane qui s’était arrêtée à Byblos, pour permettre à certains marchands hébreux qui la composaient, de faire leurs échanges dans la ville. Pendant trois journées, sur la place aux harangues, contre les colonnes dressées par le consul Marcus Drusus, des ballots mystérieux, encordaillés par-dessus les couvertures sales, bâillaient, tour à tour éventrés, sous le soleil de feu. Pêle-mêle, c’était un étalage aux odeurs épicées, de confiseries d’Orient, de laines et de papyrus préparés, de cuirs étranges, pour en couvrir des boucliers, cuirs si forts, disait-on, que la lance ne les perçait point. Il y avait aussi des bijoux rudes et barbares, des étoffes brodées, très travaillées, où des oiseaux en pierreries volaient parmi de larges fleurs roses, tandis que d’autres perchaient, en

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