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ZYWILA.

Après cet entretien, ils se séparèrent ; très-satisfaits en apparence, ils dissimulaient tous deux leur fureur. Poray blessé au vif de l’ingratitude de son maître et comme frappé de la foudre, pressentit qu’un malheur était suspendu sur sa tête. C’est pourquoi il se résolut à une vengeance que déjà il couvait au fond de son cœur. Le prince pensait de son côté qu’évidemment, par cette relation coupable avec la princesse, jointe à ses succès militaires, il voulait s’emparer de sa propre capitale. Il réfléchit donc aux moyens de lui enlever la vie, n’osant le faire à l’instant même, de peur qu’il ne s’en suivît un mouvement parmi le peuple qui, dans la ville, acclamait Poray comme son sauveur ; de plus, jusqu’à l’entier écrasement de l’ennemi, le bras de Poray lui était encore nécessaire.

Cela se passait dans la nuit d’avant la fête de Perun : le lendemain devait avoir lieu le supplice de la princesse Zywila.

Pendant ce temps, Iwan, défait et étroitement resserré, s’attendait à voir arriver le moment fatal ; privé de tout espoir, il se tourmentait sans savoir qu’entreprendre. Tout à coup les gardes du camp arrivent lui dire qu’un guerrier couvert d’une noire armure est arrivé au camp et réclame une audience du prince. Ordre fut donné de l’introduire. Il s’avança et dit :