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ZYWILA.

la nouvelle ne s’en fût répandue, une foule d’honnêtes habitants avaient déjà souffert, et lui, par une marche rapide, s’était avancé jusqu’à la capitale, à proximité de laquelle il établit son camp.

Cela se passait la veille des fêtes de Perun : le lendemain devait avoir lieu le supplice de la princesse Zywila.

Poray fut détaché par Koryat avec une poignée de guerriers d’élite pour arrêter l’ennemi, pendant qu’on ferait sur les remparts les préparatifs nécessaires. Quoiqu’il eût affaire à un envahisseur cruel et de beaucoup supérieur en nombre, il ne perdit pas courage, mais il fondit avec une telle impétuosité sur les troupes qui avançaient sans ordre qu’il les tailla en pièces et les rejeta derrière leurs retranchements de chariots ; cette journée aurait été témoin de la destruction totale des Ruthéniens, si la nuit n’eût mis fin au combat.

Poray, sans perdre de temps, enveloppa des siens l’armée ennemie, puis courut de sa personne porter à la ville cette heureuse nouvelle. La ville célébra de grandes réjouissances. Koryat alla au devant de Poray, avec un nombreux cortége, et lui rendit toute sorte d’honneurs en le proclamant son sauveur. Il l’invita à un banquet au château : dès qu’ils furent seuls, Poray se laissa tomber de son long aux pieds du prince et lui rappela en