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ZYWILA.

sordre t’ont fait déshonorer pour toujours la maison paternelle ; disparais de ma présence ; toi et celui qui t’a induite à mal, vous périrez d’une mort cruelle. » On proclama officiellement par la ville, au son de la trompette, que quiconque dénoncerait l’amant de la princesse, ou fournirait à cet égard des indications, s’en retournerait richement récompensé. Mais autant en emporta le vent, puisque personne ne savait rien de ces secrètes amours, ou le sachant, ne les dévoila à Koryat. La princesse Zywila avait été prise en singulière affection par ses serviteurs et sujets, et quant au guerrier Poray, qui pleurait à la dérobée son malheur, il savait montrer à la cour un joyeux visage et nul ne le soupçonnait.

Koryat, voyant que toute sa surveillance et ses recherches demeuraient infructueuses et n’aboutissaient à rien, tourna ses efforts contre sa fille et n’épargna point la menace ; mais la patience de celle-ci ne se lassait pas. « Mon père, lui disait-elle, j’avoue que je mérite un lourd châtiment ; punis moi, me voici ; je n’ignore pas que je suis indigne de ta miséricorde ; je ne puis pourtant entraîner dans ma perte une autre âme innocente, de peur d’offenser les dieux plus grièvement encore. » Le prince alors se départit un peu de ses premières rigueurs, et il essaya