Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/52

Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

Pour la réouverture du théâtre en 1852, d’Ennery et Brésil avaient proposé à Séveste un sujet indien, Si j’étais Roi, pièce en trois actes qui exigeait du développement et de la mise en scène, demandant que j’en fisse la musique. Je refusai, et je priai Séveste de faire écrire cette partition par Clapisson dont j’aimais le talent et qui depuis longtemps n’avait pas eu d’ouvrage représenté. Mais Clapisson s’occupait d’une pièce en trois actes pour l’Opéra-Comique : les Mystères d’Udolphe, il y comptait ; il fallait faire Si j’étais Roi vivement, on était alors au 20 mai, et le théâtre devait ouvrir du 1er au 5 septembre. Il ne voulut pas se charger de ce travail. Séveste revint chez moi quelques jours après fort tourmenté.

— J’ai été, me dit-il, chez tous les jeunes compositeurs qui crient tous contre vous, prétendant que vous les empêchez d’arriver. Pas un n’a un ouvrage terminé, et ils ne peuvent, disent-ils, en finir un pour l’ouverture. Il me faut absolument une pièce nouvelle ; je vous en supplie, tirez-moi de là ; je suis au désespoir et je ne sais que faire si vous ne m’écrivez pas Si j’étais Roi.

Il fallait opter entre la ruine du directeur et les cris de mes jeunes confrères, qui, malgré leur refus, ne manqueraient pas de tomber sur moi. Il n’y avait pas à hésiter, je dis donc à Séveste d’être tranquille.