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la commission des théâtres. Elle était présidée par le duc de Coigny, fort brave militaire sans doute, mais qui n’avait pas l’intelligence de ces questions. Quand j’eus exposé mon plan : C’est très-bien, s’écria Armand Bertin, vous voulez substituer la musique au crottin, ça me va. Les autres membres parurent être de son avis, et l’on me promit de faire un rapport favorable. Cavé était l’ami de Crosnier et le mien ; il devait nous appuyer, je me croyais donc à peu près sûr de mon affaire ; mais j’avais compté sans un concurrent appuyé de puissantes influences. Depuis six mois je ne m’occupais que de ce projet. L’Opéra-Comique m’était plus fermé plus que jamais. Je n’avais d’autre ressource que ce théâtre. Je pris donc le parti d’écarter la concurrence en la désintéressant. Il fut convenu que mon compétiteur se retirerait et que je lui compterais cent mille francs, dès que j’aurais le privilége.

Le privilége me fut enfin donné tel que je le désirais, avec le droit de jouer tout l’ancien répertoire et même celui des auteurs vivants qui transporteraient leurs ouvrages à mon théâtre.

Il s’agit alors de payer la somme convenue. Thibaudeau me dit que ses bailleurs de fonds n’étaient pas en mesure et ne le seraient que dans un mois. J’avais à peu près 80,000 francs chez Bonnaire, mon notaire, j’allai les lui demander. Il ne voulut m’en donner que cinquante, disant que dans mon