Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/37

Cette page a été validée par deux contributeurs.

fut joué que cinq fois ; la pièce était pourtant de Scribe, mais du Scribe des mauvais jours.

J’eus une meilleure chance à l’Opéra, où les succès de Giselle et de la Jolie Fille de Gand me consolèrent un peu de mes défaites de l’Opéra-Comique.

Crosnier quitta la direction de l’Opéra-Comique et je le regrettai beaucoup ; il m’avait toujours été très-dévoué, et c’est à lui que j’avais dû les poëmes du Chalet, du Postillon, du Brasseur de Preston, de la Reine d’un jour et de mes ouvrages les plus heureux. Pendant toute sa direction, il s’occupa constamment de me chercher les ouvrages qui convenaient le mieux à la nature de mon talent, et, quoiqu’il ne fût pas musicien et que son goût pour les arts fût absolument nul, son instinct dramatique était si excellent que, presque jamais, il ne se trompa dans son choix.

Son successeur était M. E. Basset, censeur dramatique. La fortune de ce dernier était assez singulière. Son frère et lui faisaient leurs études au collège de Marseille, lorsque Mme Adélaïde, sœur du roi, fit une visite à cet établissement. Un des frères Basset chanta devant la princesse une cantate composée pour la circonstance. Mme Adélaïde fut charmée de la ravissante voix du jeune Basset (c’était la seule personne de la famille d’Orléans qui eût du goût pour la musique), elle promit au jeune chanteur de s’occuper de son avenir, et quelques années