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moins de trois semaines. Le soir de la répétition générale, personne d’étranger ne fut admis dans la salle ; mais le roi, quoique déjà souffrant, était dans sa loge. J’étais assis au coin du théâtre en face. Après la répétition, le comte de Rœdern vint me dire que Sa Majesté me faisait ses excuses de ne pouvoir descendre sur le théâtre pour me féliciter, suivant l’usage, mais que sa santé ne le lui permettait pas. Le jour de la première représentation le public se montra si froid, que peu habitué au flegme germanique, je crus à une chute et je me retirai désespéré, avant la fin de la pièce. J’étais seul, jeté sur un canapé dans une chambre sans lumière, lorsque je vois tout à coup la rue s’illuminer de torches et de flambeaux, une admirable musique militaire exécute plusieurs morceaux de mes opéras, et mes amis montent en foule pour me féliciter du grand succès que je venais d’obtenir et dont j’étais loin de me douter.

Je quittai Berlin peu de jours après, enchanté de mon séjour et de l’accueil que j’avais reçu.

De retour à Paris, je trouvai l’Opéra-Comique installé dans la salle Favart qu’il occupe aujourd’hui. Les deux premiers ouvrages que j’y donnai ne furent pas heureux ; le premier, la Rose de Péronne, le dernier rôle créé par Mme Damoreau, n’eut qu’une quinzaine de représentations. Le second également en trois actes, intitulé la Main de fer, ne