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DALAYRAC

d’en reprendre les études. Rempli d’inquiétude, il se hâte de porter son dernier morceau au théâtre, et là on lui déclare que si l’indisposition de Martin se prolonge, on sera obligé de mettre une autre pièce en répétition. De plus en plus alarmé, il court chez le chanteur, le trouve, non pas indisposé, mais sérieusement malade, et acquiert la conviction que son opéra est indéfiniment ajourné. Désespéré de tous ces contretemps, il rentre chez lui, est bientôt saisi d’une fièvre nerveuse qui se déclare avec une telle intensité qu’il est obligé de se mettre au lit. Le mal s’aggrave, le délire ne tarde pas à s’emparer de lui, et il expire au bout de cinq jours. Entouré de sa femme et de ses amis en larmes, il ne répond à leurs gémissements que par des chants insensés, peut-être ceux de son dernier ouvrage, et c’est en essayant encore d’articuler quelques sons, et de bégayer quelques phrases musicales qu’il rend le dernier soupir.

Cette mort imprévue fut un coup de foudre pour ses amis et ses nombreux admirateurs. On fit à Dalayrac des obsèques magnifiques. Son corps fut transporté à sa campagne de Fontenay-sous-Bois, et Marsollier, dans un discours qu’il prononça sur sa tombe, rappela les succès qu’ils avaient obtenus ensemble et les souvenirs de l’étroite amitié qui les unissait depuis plus de vingt ans.

Les artistes de l’Opéra-Comique firent faire par Cartellier un buste en marbre qui figurait dans le foyer du public et sur lequel étaient inscrits ces mots : « À notre bon ami Dalayrac. »