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DALAYRAC

plus purement écrites, mais sa pensée ne se fût pas étendue plus loin, et ne se fût pas élevée davantage : l’instinct des combinaisons et de l’intérêt de détail lui manquait complètement, tandis que Grétry le possédait à un degré très-éminent.

La justesse de cette comparaison pourra peut-être se déduire par le souvenir de l’épreuve que j’ai faite, il y a quelques années, en réinstrumentant le Richard de Grétry et le Gulistan de Dalayrac. Dans la première de ces partitions, tout était à faire ; mais aussi quel intérêt il était facile de mettre dans l’instrumentation ! que d’effets indiqués qu’il n’y avait qu’à suivre et à réaliser ! Dans la seconde, au contraire, la besogne était toute faite ; il y avait simplement à doubler quelques parties, à moderniser quelques effets de sonorité, mais l’œuvre était accomplie avant d’être commencée. Que résulta-t-il ? Que le Richard de Grétry eut un succès immense en se présentant tel que Grétry l’eût probablement écrit, s’il eût possédé l’expérience d’instrumentation que nous avons acquise depuis lui, et dont il avait toute l’intuition et la prescience. L’œuvre de Dalayrac, au contraire, fit peu de sensation, parce qu’il n’avait pas été possible que les ressources modernes ajoutassent un grand charme et donnassent plus de valeur à la forme banale, peut-être, mais complète en son genre, sous laquelle la pensée était émise.

Ce qui doit être loué sans restriction aucune chez Dalayrac, c’est le sentiment de la scène qu’il possédait au plus haut degré. C’est à cet instinct excellent qu’il dut en partie ses nombreux succès, tant pour le choix