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en ces termes : « Monsieur, peut-être votre mémoire vous rappellera-t-elle à peine le nom d’un homme qui n’a jamais été assez heureux pour être de vos amis, et qui n’a eu d’autres relations avec vous que d’avoir servi dans le même corps, celui des gardes de Mgr le comte d’Artois. J’ai eu le malheur d’émigrer, toute ma famille a péri sur l’échafaud, quelques-uns de mes biens ont heureusement échappé au séquestre et à la confiscation. Je n’ai plus aucune ressource, peut-être cependant me serait-il possible de me faire rayer de la liste des émigrés et de recueillir quelques débris de ma fortune. Mais si je puis arriver à Paris, je ne tarderai pas à y être arrêté, si personne ne répond de moi et ne m’aide à déjouer les manœuvres de la police. Je n’y connais personne, personne que vous qui ne me connaissez pas ; et cependant je m’adresse en toute confiance à votre loyauté et à votre sympathie pour le malheur d’un ancien camarade. »

Dalayrac ne se rappelait effectivement pas avoir jamais connu l’auteur de la lettre : cependant il lui avait semblé voir figurer sur les contrôles des gardes le nom dont elle était signée, et il n’hésita pas à répondre qu’il ferait toutes les démarches en son pouvoir, en faveur du proscrit.

Quelques jours après, celui-ci se présentait chez Dalayrac sous un déguisement qui dut rappeler à l’auteur de Camille, d’Ambroise et du Château de Monténero quelques-unes des pièces mélodramatiques qu’il avait mises en musique. Pendant plusieurs