donnèrent leur opéra aux comédiens Italiens. Grâce au pathétique de la situation, au jeu expressif et passionné de Mlle Dugazon, grâce surtout aux ravissantes mélodies de Dalayrac, il obtint un succès de vogue. La musette si connue, la romance Quand le bien-aimé reviendra, devinrent bientôt populaires et plus de cent représentations consécutives ne purent lasser l’admiration et la sensibilité du public. Ce fut un succès de larmes dont on n’avait pas vu d’exemple depuis le Déserteur.
L’année suivante, Dalayrac, aidé de son premier collaborateur Lachabeaussière, donna Azémia ou les Sauvages. Le succès, moins vif au début, se prolongea néanmoins autant que celui de Nina. Deux mois après Azémia il fit jouer Renaud d’Ast. Il ne se doutait guère, en composant la romance, du reste assez vulgaire : Vous qui d’amoureuse aventure, que cet air, auquel on adapta les paroles : Veillons au salut de l’Empire, deviendrait le chant national de la France, et le seul qu’il serait permis de chanter pendant plus de dix ans.
En 1788, il donna Fanchette, en deux actes, et Sargines, en quatre ; et en 1789, les deux Savoyards et Raoul sire de Créqui.
Ces deux ouvrages montrèrent le talent du compositeur sous un aspect bien différent. Dans le premier il avait pu mettre sans peine la grâce, la franchise, le comique et la naïveté qui étaient l’essence même de son style et de ses manières. Dans le second, on sent qu’il aurait voulu adopter un faire plus large et