Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/304

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mais pour se présenter convenablement dans le monde, pour aller de temps en temps à la Comédie Italienne entendre les chefs-d’œuvre de Philidor, de Monsigny, de Grétry, de tous ces maîtres dont il devait être un jour le rival et l’émule, quelle économie, quelles restrictions ne devait-il pas apporter dans ses dépenses, afin de ne pas dépasser le chiffre de son modeste revenu de 1,200 livres !

Pour ne pas avoir de loyer à payer à Paris, il passait quelquefois à Versailles tout le trimestre où il n’était pas de service. Alors, on le voyait partir à pied pour arriver à Paris un peu avant l’heure du spectacle. Un bien modeste dîner suffisait à peine pour réparer les forces du jeune enthousiaste ; mais il en puisait de nouvelles dans l’admiration que lui causaient les opéras qu’il était venu entendre. Il repartait toujours à pied, après le spectacle, et revenait coucher à Versailles, ayant fait ses dix lieues dans sa journée, mais n’ayant pas entièrement dépensé le petit écu dont se composait son revenu quotidien ; encore fallait-il quelques jours de privations sévères pour compenser cette dépense entièrement consacrée à son plaisir.

Les comédiens italiens, ainsi que ceux de l’Académie royale de musique et du Théâtre-Français, venaient souvent jouer devant la famille royale, à Versailles ; et Dalayrac trouvait le moyen de ne pas manquer une seule des représentations consacrées aux ouvrages lyriques.

Les heures de service que redoutaient le plus les gardes du corps, étaient celles de nuit, pendant les-