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— Par un hasard bien simple, répondit l’ami de collège, c’est que mon père m’a placé, pour étudier, chez un apothicaire de cette ville, dont il veut que j’épouse la fille.

— Comment, tu es garçon apothicaire ?

— Étudiant, si tu veux bien le permettre. Mon futur beau-père est un excellent homme, sa fille est charmante, et je serai très-heureux avec elle. Et puis c’est un travail qui n’est pas si désagréable que tu pourrais le croire, j’étudie la botanique et la chimie, voire même un peu la médecine. Viens donc me voir : tiens, la boutique est à deux pas d’ici, je vais te présenter à ma nouvelle famille.

Dalayrac se laissa faire ; le fils du subdélégué de la province ne pouvait manquer d’être bien accueilli ; il trouva la future de son ami charmante, le beau-père très-aimable, et promit de les visiter de temps en temps. L’apprenti apothicaire était fier et heureux de son nouvel état ; aussi voulut-il en vanter tous les charmes à son ami, il le conduisit dans sa chambrette, qui était fort proprement arrangée. Au-dessus d’une table chargée de livres et de papiers, s’étalaient sur des rayons une foule de petites fioles étiquetées.

— Qu’est-ce que tout cela ? dit Dalayrac.

— Ce sont, répondit son camarade, la plupart des substances avec lesquels nous composons les médicaments ; presque toutes sont des poisons et ont un effet très-actif : ce n’est qu’en les affaiblissant ou en les mélangeant qu’on peut obtenir, avec leur aide, un effet salutaire.